3 septembre 1999 : MOISSAC vers SAINT ANTOINE

24.5 kms

Texte de Françoise

Une nuit excellente surtout pour moi qui me serais crue à Vernaison car nous étions à côté de la voie ferrée. Lever à 6h30. Petit déj, dernier au revoir à Antoine et à Pierre ( Jeanne n’est pas levée) et nous voilà parties.

Nous traversons Moissac désert et nous dirigeons vers le canal du Midi. Nous avons décidé de le longer pour éviter de monter et descendre dans les cultures ( ainsi que le dit l’itinéraire du GR ). Le bord du canal est d’ailleurs très emprunté par les pèlerins. Nous admirons le lever du soleil et marchons allègrement. Sur notre gauche la Garonne immensément large à cet endroit où le Tarn et la Garonne se rejoignent.

canal du MIDI

Nous passons une première écluse et un peu plus loin nous arrêtons pour boire un peu. Trois pèlerins arrivent. Nous sommes sûres qu’il s’agit des 3 suisses dont on nous a beaucoup parlé ( Radio Chemin fonctionnant très bien ! … ). Le drapeau helvétique est accroché à leur sac. Ils sont 2 hommes et 1 femme d’environ 65 - 70 ans. Ils viennent à pied du lac de Constance…

Nous les croiserons tout au long de l’étape.

Nous voici à la 2ème écluse. Le canal nous parait moins beau car nous venons d’en parcourir au moins 7 kms et ce n’est pas terminé. Le chemin va continuer sur les bords du canal pendant 14 kms !

Un peu avant d’en finir, nous nous arrêtons pour manger un peu de gâteau. J’esquisse un dessin mais il faut repartir. Un lapin sort de son terrier et traverse devant nous. Nous croisons en sens inverse un pèlerin qui ( nous l’apprendrons plus tard par Radio Chemin) REVIENT de Compostelle à pied. Quel courage !

Enfin, nous traversons un pont enjambant le canal latéral de la Garonne et allons en direction d’Espalais, 3 kms sur une petite route au milieu des cultures de tournesols et de sorgho (et ! Oui ! Nous savons maintenant que les champs de graminées ocres sont du sorgho). Nous arrivons à Espalais, joli petit village mais « mort ». L’église est fermée et nous franchissons la Garonne alors que quelques gouttes commencent à tomber. Rien qui ne puisse effrayer les pèlerines que nous sommes ! De l’autre côté du pont nous montons RAIDE vers AUVILLAR.

Nous empruntons une ruelle pavée qui nous conduit à une place où trône une halle à grains circulaire sur colonnes. Nous pouvons sortir de la ville sous une horloge, passage qui nous mène en dehors de la ville fortifiée. Ce village est de toute beauté. Il mous paraît un peu tristounet, comme oublié là lors des passages d’un siècle à l’autre. Beaucoup de maisons sont inhabitées et il ne semble pas très touristique.

halle aux grains AUVILLARS

Nous pique-niquons sous la halle en compagnie des 3 Suisses. Lieu magique ! Pour manger des rondelles de saucisson !

Nous repartons pour nous arrêter aussitôt après l’horloge dans un café.

tour de l'horloge AUVILLARSAuvillarsNous buvons un thé excellent et décidons ( il est   13h30 et nous avons fait 17 kms ce matin )       d’  appeler Françoise. Plaisir de retrouver   notre copine qui a essayé de nous joindre. Nous lui   racontons un peu notre périple. Elle me parle de «   problèmes » concernant la fresque que nous devons   peindre. Mais nous sommes bien loin de tout cela   et vite nous reprenons le cours de notre périple   bien contentes d’avoir discuté avec Françoise.   Nous attaquons une côte. Ah ! J’avais oublié de   dire que, pendant que nous téléphonions, à tour de rôle, un monsieur fort sympathique nous a fait la   conversation. Il nous a parlé de Auvillar et de son histoire qui le passionnait. Il était crétois et s’était installé dans ce village, il y a quelques années. Il paraît qu’Henry IV s’y était arrêté avec la reine Margot et y avait fait un repas pantagruélique dont ils avaient retrouvé la liste des « courses ». Il m’a également expliqué que les maisons étaient faites en pierres et en briques mélangées car cela revenait moins cher. Il faut dire que le mariage de la pierre et de la brique rouge donne un ton très spécial à l’ensemble.

Bref, nous voilà dans la côte, nous suivons ensuite une route assez monotone qui passe sous l’autoroute, monte, descend, remonte et redescend. Heureusement il ne fait pas trop chaud.

A 3 kms de Saint-Antoine, nous nous arrêtons. Eli a mal aux pieds, les ampoules se sont infectées et moi, j’ai mal aux talons. Pommade, Voltarène et nous reprenons.

Un petit chemin nous amène non loin du pont sur l’Arats que nous traversons. Cette fois, nous sommes dans le Gers. Nous montons une petite côte et le panneau Saint-Antoine est devant nous. Nous passons sous la porte fortifiée du village et par une petite rue qui passe devant l’église nous arrivons chez Mme DUPONT.

gite Mme DUPONT

Accueil super sympa de la dame qui nous montre où nous dormirons. Nous avons un dortoir de 11 lits pour nous deux. Les 3 suisses et Kris arrivé peu après dormiront dans le dortoir de 6 lits. Nous prenons la douche et décidons de visiter le petit village de dessiner. Je dessine l’église tandis qu’Eli dessine quelques maisons. Eglise Saint Antoine

Peu après, Mme DUPONT nous donne la clé de l’église que nous visitons. Ensuite, à table !. Il y a les 3 suisses, nous deux, M. et Mme DUPONT, le beau-frère. Repas aussi gargantuesque que celui d’Henry IV : soupe aux pâtes, melon du Quercy, pâté, haricots beurre façon Mme Dupont, poulet grillé, fromage et raisins et tout cela à volonté, sans oublier les bonbonnes de vin rouge ou rosé. J’ai, ce soir, une faim de loup et j’en profite. M. Dupont est super marrant et nous raconte des histoires de pèlerins notamment celle de l’un d’eux qui avait bu à lui tout seul une bonbonne de 3 litres de vin et qui, le lendemain matin était parti pour LECTOURE en oubliant … son sac ! ! Il était revenu le chercher en taxi.

Mme Dupont est une femme très dynamique et sympa comme tout. Tous deux sont très gentils, ils viennent de perdre un chien qui s’est fait écrasé il y a 3 semaines et M. Dupont en a encore les larmes aux yeux. Nous parlons un peu avec un des suisses qui parle un peu le français. Il a travaillé avec l’abbé Pierre et est parti travaillé en Colombie ( les 3 suisses font leur prière avant le repas ).

Ce repas fut donc des plus agréables.

Nos hôtes nous apprennent en plus que l’étape de demain ne sera pas de 30 kms mais de 23 ( elle a été raccourcie ). Super, mais notre Elisabeth guide et nous avait déjà concocté cette variante. Tout cela + l’écriture du cahier m’amène à 22h30 pile. Eli n’est pas loin de ronfler et de rouspéter que je n’arrête pas alors je me couche.

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